Obsèques et croyances : ces rites méconnus autour de la mort qui influencent les familles

Obsèques et croyances : ces rites méconnus autour de la mort qui influencent les familles

Chaque famille a ses traditions, ses gestes, ses croyances autour de la mort. Lors d’un rendez-vous avec une famille guadeloupéenne, j’ai découvert des rites funéraires méconnus, faits de précautions, de pudeur et de respect profond. Lavage des mains, vêtements neufs, départ sans photo… Autant de pratiques qui rappellent que les obsèques sont d’abord un moment de transmission culturelle. En tant que conseiller funéraire, écouter ces croyances permet de mieux accompagner chaque famille, dans ce qu’elle a d’unique.


Récemment, j’ai accueilli dans mon agence une famille venue organiser les obsèques d’un proche originaire de Guadeloupe. C’était une rencontre forte, marquante, où se mêlaient émotions, traditions, distance géographique… et croyances bien ancrées.

Ce genre de moment me rappelle pourquoi j’exerce ce métier. Accompagner, écouter, comprendre ce qui compte vraiment pour les familles, dans leur diversité.


Quand franchir la porte est déjà une épreuve

Dès leur arrivée, j’ai senti une certaine tension. Certaines personnes ont préféré ne pas rester dans l’agence. Voir des cercueils et parler d'un mort, même brièvement, leur était trop difficile.
Cela m’a rappelé ce que me dit souvent mon père :
« Parler de la mort, c’est la faire venir. »
Et pourtant, dans sa jeunesse, il habitait en face d’un cimetière, avec un directeur de pompes funèbres pour voisin ! Les croyances ont la peau dure, même chez ceux qui vivent à côté de la réalité.

La famille m’a raconté qu’un précédent rendez-vous chez un de mes confrères les avait marqués : un conseiller avait ouvert une salle remplie de cercueils…
Ce souvenir les hantait encore.
Cette fois, grâce à l’outil de visualisation 3D que j’utilise en agence, ils ont pu faire leur choix à l’écran, à leur rythme, sans choc visuel.
Une fois le cercueil choisi, ils m’ont simplement demandé de refermer la page.
Respecter leur pudeur et leur sensibilité était essentiel.

Ce que j’ai appris sur leurs rites et précautions

Ce rendez-vous m’a permis de découvrir ou de mieux comprendre certaines pratiques autour du deuil en Guadeloupe ou selon cette famille.
En voici quelques-unes, que j’ai trouvées particulièrement marquantes :
  • Le défunt doit partir seul, sans rien qui ne lui appartienne : pas de photos, pas d’objets personnels d’un proche.
  • Son dentier a été retiré, remplacé par du coton.
  • Son costume, préparé depuis plusieurs jours, était stocké à l’extérieur de la maison, dès l’annonce de sa fin de vie. C’était une façon de ne pas garder de “mort” chez soi.
  • Concernant les fleurs : si elles ne peuvent accompagner le cercueil jusqu’au bout (crémation notamment), mieux vaut ne pas en mettre du tout. Il est hors de question de les ramener chez soi.
  • À la fin du rendez-vous, tous les membres de la famille se sont lavé les mains. Un geste simple, fort, qui marque la séparation avec le défunt et clôt le moment.

Finalement, nous avons tous nos propres superstitions

Moi-même, bien que je travaille dans le funéraire au quotidien, je fais attention à certains détails:
  • Ma femme, par exemple, refuse que je rentre à la maison avec de la poussière du cimetière sous les chaussures et me demande de me changer en sortant du travail.
  • Certains me disent aussi que le défunt doit porter des vêtements neufs, étiquettes visibles. Comme si le dernier voyage devait être aussi digne que symbolique.
  • Une croyance que j’ai déjà entendue dans d’autres familles : "ne pas regarder en arrière en quittant le cimetière, ne pas se retourner avant d’être rentré chez soi…Honnêtement, je me suis toujours demandé comment faire en voiture dans ces cas-là !
Ces gestes, souvent transmis sans qu’on en connaisse vraiment l’origine, permettent parfois de poser un cadre au chagrin, de préserver un ordre invisible. Ils font partie de ce qui rend chaque famille unique.

Ce que j’ai retenu de ce rendez-vous

Nous avons été très efficaces, car la situation le demandait : certains membres de la famille venaient de loin et devaient repartir rapidement. En une seule rencontre de 1 heure, nous avons fixé la date, organisé le transfert et réservé le crématorium.
La famille a pu repartir sereine, avec les éléments essentiels.
Ils m’ont dit à la fin : 
« Vous avez tout bien expliqué et ça a été rapide. C’est exactement ce qu’on voulait. » 
et aussi: 
« On a prévu l’essentiel, maintenant tout va bien aller. » 
Ces paroles me touchent toujours, car elles montrent que mon travail a été utile, et surtout juste.

J’ai hâte d’assister à la cérémonie

Les obsèques n’ont pas encore eu lieu, mais je sais déjà qu’elles seront marquantes. Le défunt aimait la musique. La famille m’a parlé de morceaux à la fois rythmés et chrétiens, en lien avec sa culture et sa foi.
J’ai hâte de découvrir ce qu’ils vont choisir, et peut-être d’apprendre encore d’autres coutumes que je ne connais pas. Car organiser des obsèques, ce n’est pas seulement un acte technique.
C’est entrer, humblement, dans l’univers d’une famille.
C’est respecter ce qu’elle est, dans ses traditions, ses silences, ses rituels.

Et vous ?

Quelles sont les croyances que vous avez reçues, enfant, autour de la mort ?
Des gestes qu’on vous a appris, sans trop vous expliquer ?
Des rites que vous perpétuez aujourd’hui sans même y penser ?
Je serais heureux de lire vos témoignages, ou d’en discuter à l’occasion.

POMPES FUNEBRES DE FRANCE Chartres-Lucé
57 rue de la République 28110 Lucé
02 37 25 82 02 - 06 79 88 10 47

Article rédigé par PIerre-Etienne MERCIER, dirigeant et conseiller funéraire POMPES FUNEBRES DE FRANCE Chartres-Lucé.

Actualité suivante5 idées reçues sur les contrats obsèques : démêlons le vrai du faux
Actualité précédenteDe quoi la France peut-elle encore être fière aujourd’hui ?