
L'annonce d’un décès et de l’accompagnement dans le deuil
L'annonce d’un décès: expériences personnelles
Je me souviens encore de la première fois que ma mère m'a annoncé le décès d'un membre de notre famille : c'était ma grand-mère paternelle. À cette époque, les téléphones portables n’étaient pas courants. Elle m’a appelé dans la cuisine, visiblement irritée, me reprochant mon retard alors que je rentrais pourtant à l'heure habituelle. Elle m'a demandé de m’asseoir et, debout sans me regarder, elle m'a annoncé que ma grand-mère était décédée. Je me souviens surtout ne pas savoir comment réagir à cette nouvelle, ce que cela impliquait, et penser à la tristesse probable de mon père. Je me demandais où il était et comment il vivait ce moment. Les émotions de perte étaient alors floues. je ne savais pas comment réagir et personne ne me l'a expliqué.
Plus tard, lors du décès de mon grand-père paternel, j'étais davantage désemparé. Cela coïncidait avec la semaine de mon baccalauréat. Cette fois, je me suis concentré sur l'organisation plutôt que sur la peine pourtant profonde que je ressentais.
Mon père m'a raconté que quand il était jeune, il avait appris le décès de sa grand-mère quelques jours après les obsèques, par un courrier reçu à son internat. Ces témoignages illustrent une autre époque, avec des manières différentes d'annoncer ces nouvelles.
Le début du deuil :
Ce que je retiens de ces souvenirs, c'est que chaque perte est douloureuse, et l'annonce d’un décès constitue une étape cruciale pour entamer le processus de deuil pour la personne qui doit l'annoncer et pour la personne qui doit recevoir cette triste information.
Chacun doit trouver sa propre manière de faire, avec ses mots et selon ses habitudes. Cependant, il est essentiel de donner à ce moment toute l’importance qu’il mérite et de l'humanité en prenant en compte la sensibilité de la personne à informer et la relation qu’elle entretenait avec le défunt.
Conseils pratiques pour annoncer que quelqu'un est mort, étapes par étapes :
Préparer l'annonce :
- Informer la personne qu'on a une mauvaise nouvelle à lui annoncer.
- L’inviter à s’asseoir et créer un environnement propice à l'écoute.
- Adapter son ton et ses mots à la sensibilité de la personne.
- Laisser de l’espace pour une réaction, qu’elle soit silencieuse ou exprimée.
Choisir le mode de communication :
- Privilégier l’annonce en face à face si possible, car elle permet un soutien immédiat, rend les choses plus humaines et personnelles. cela permet aux deux personnes d'échanger et de se soutenir.
- Si cela n’est pas envisageable, utiliser le téléphone tout en veillant à ce que la personne soit dans un lieu calme et sécurisé.
- En dernier recours, un message écrit (SMS, e-mail ou faire-part) peut être utilisé, mais il est essentiel de prévoir un suivi rapide pour accompagner la personne dans son choc. Cette solution est a privilégier si vous ne savez vraiment pas comment le dire ou que vous avez peur que l'émotion vous submerge. Je préfère vous prévenir, les faire-part envoyés par voie postale se font de moins en moins. Nous proposons un faire-part électronique (un lien internet) qui permet de retrouver toutes les informations.
Se faire accompagner :
- Si la douleur est trop intense, solliciter l’aide d’un proche ou d’un professionnel pour partager cette tâche difficile. Il m'est déjà arrivé qu'une femme de me demande de téléphoner aux enfants de son conjoint pour leur annoncer la nouvelle. Une autre fois c'est l'assistante du vie qui ma donné les coordonnées de la famille pour que je puisse leur dire, avec mes mots.
- Un soutien peut également être utile pour accompagner la personne informée dans les premiers moments. ce soutien peut-être les voisins, les amis, une association ou un groupe dont fait partie le défunt. Beaucoup de gens se retournent également vers les équipes de deuil des lieux de cultes qui sont très a l'écoute, et même parfois formés pour cela.
Annoncer la disparition d'un proche à un enfant
Pour les enfants, il est primordial d’adapter l’annonce à leur maturité et à leur capacité à comprendre la réalité de la mort. Certains parents choisissent de ne rien dire, pensant protéger l’enfant, mais cela peut aussi être une manière de se protéger soi-même des questions difficiles.
D’autres préfèrent accompagner l’enfant dans ce cheminement, en le préparant avec des mots simples et clairs. L’emmener éventuellement à la chambre funéraire, à la cérémonie ou au cimetière peut être une manière de l’aider à comprendre et à accepter la réalité.
Points à considérer :
- Expliquez avec des mots simples : par exemple, « Mamie était très malade, et son corps ne pouvait plus continuer à vivre. Maintenant, elle ne souffre plus. »
- Soyez honnête : évitez les euphémismes comme « elle est partie » qui pourraient créer des confusions.
- Répondez à leurs questions : acceptez que certaines questions puissent être répétées ou paraître surprenantes.
- Encouragez l’expression des émotions, que ce soit par des mots, des dessins ou des jeux.
- Des ressources telles que des livres adaptés peuvent aider à aborder le sujet avec les plus jeunes. Par exemple, "Au revoir Blaireau" est une lecture recommandée pour expliquer la mort aux enfants.
L’importance du soutien des proches, de la communauté, des associations; des cultes, églises, paroisses et des professionnels:
Une fois le décès annoncé, il est crucial de respecter le rythme de chacun dans le processus de deuil, sans précipitation ni jugement. J’ai vu de nombreuses familles, juste après l’enterrement, encore au cimetière, sourire et jouer avec les enfants. Ces moments de partage peuvent aider les plus jeunes à comprendre que la vie continue, tout en offrant aux proches un espace de réconfort et de communion. Mais chacun doit trouver son rythme et qui ou quoi va l'aider a avancer.
Anticiper et préparer ces moments, en discutant en amont des souhaits de chacun concernant les obsèques, peut également faciliter le déroulement des événements et apporter un certain apaisement aux proches.
Parler de la mort de son vivant
N'oublions pas que parler de la mort n'accélère pas sa venue. En revanche, cela permet de mieux s'y préparer et de soutenir ceux qui restent. Il est possible de jsute en parler, d'expliquer ses chois (crémation ou inhumation), faire un devis pour préparer le montant, ou meme de souscrire un contrat obseque ou prévoyance. En tant que professionnel du funéraire, j’ai appris que chaque détail comptait, qu’il s’agisse de l’annonce, de l’organisation des obsèques ou de l’accompagnement des familles après la cérémonie. Ces moments, bien que douloureux, peuvent aussi être empreints de douceur et d’humanité si l’on prend le temps de les vivre pleinement.