[HISTOIRE VRAIE] Le silence est parfois plus froid que l’hiver : l'histoire de Jacques et la petite lueur de Lucé.
(Pour respecter la vie privée des personnes concernées, les prénoms ont été modifiés.)
Le deuil à 81 ans, ce n'est pas seulement le vide. C'est le silence qui prend toute la place:
C’est une phrase que Jacques m’a lâchée, presque malgré lui, assis dans mon bureau à Lucé. Dehors, les illuminations de Noël commençaient à clignoter rue de la république et sur l'ancienne mairie, mais pour lui, le monde s’était arrêté en juin dernier, dans une chambre de l'hôpital du Coudray. Marie était partie, et avec elle, le bruit de la vie. Depuis, sa maison à Mainvilliers était devenue trop grande. Jacques me racontait son quotidien, celui qu'on ne voit pas de l'extérieur. Pour combler ce silence assourdissant, il laissait la télévision allumée toute la journée, même sans la regarder. Juste pour avoir un fond sonore, des voix humaines, même artificielles. Parfois, il se surprenait à se parler à lui-même, juste pour entendre le son de sa propre voix, ou il interpellait Marie dans la cuisine, avant de se rappeler qu'elle ne répondrait plus."Je ne trouve pas ça normal de faire la fête"
Nous avons longuement parlé de ce sentiment de culpabilité, mais surtout de dignité. Je lui ai dit ce que je pense profondément, peut-être du fait de mon métier : son rôle, désormais, n'est pas de s'éteindre avec elle, mais d'être la mémoire vivante de Marie. Parler d'elle, raconter qui elle était, ce qu'elle aimait, ses colères comme ses éclats de rire, c'est la faire vivre encore un peu. Faire en sorte que son histoire ne s'arrête pas net.
Le 22 décembre, une visite improvisée
Sandrine, son auxiliaire de vie, était là. Elle fait partie de ces personnes indispensables qui tiennent le lien social à bout de bras dans notre région. Elle ne s'était pas contentée de faire son service ; elle était restée un peu plus longtemps et avait apporté une petite bûche individuelle.
On a bu un thé tous les trois, simplement. On a parlé de tout et de rien, de la ville, des travaux rue de la république et devant l'église Saint Pantaléon, du nouveau marché, du temps, et un peu de Marie. Ce n'était pas une réception, ce n'était pas "la fête", c'était juste un moment d'humanité. Ce soir-là, Jacques n'était plus "le vieux monsieur seul" ou un simple dossier de pompes funèbres. Il était Jacques, un homme entouré de bienveillance, reconnu dans sa douleur mais aussi dans son existence.
L'espoir, ce n'est pas d'attendre que la tristesse s'en aille, c'est de réaliser qu'on peut encore partager une tasse de thé et un souvenir.
Comment briser la solitude des seniors à Lucé et Mainvilliers ?
- Le rôle vital des aides à domicile : Les services d'accompagnement et de maintien à domicile (ADMR, CCAS, structures privées comme Senior Compagnie Chartres ) à Lucé et Chartres sont les premiers à détecter l'isolement. Valorisons leur travail, ils sont le premier rempart contre la déprime.
- Petits gestes, grands impacts : Un voisin qui passe 10 minutes pour prendre des peut changer le cours d'une journée entière. Et si personne ne passe, vous pouvez être ce voisin qui vient rendre visite.
- Une écoute professionnelle 24h/24 : En tant que conseiller funéraire et dirigeant, ma disponibilité ne s'arrête pas aux questions techniques. Nous sommes là pour soutenir les familles dans la durée.
- Parler pour ne pas oublier : N'ayez pas peur d'évoquer les défunts avec ceux qui restent. C'est souvent leur plus grand souhait : savoir que l'être aimé existe encore dans la mémoire des autres.
Pierre-Etienne MERCIER - Conseiller funéraire et dirigeant des POMEPS FUNEBRES DE FRANCE Chartres -Lucé